Le métier de Designer graphique par Audrey ARENA

À la rencontre d’Audrey ARENA, une ancienne élève de l'ESMA dont le parcours vibre d'une passion contagieuse pour le design graphique et l'art multimédia. De ses débuts hésitants en histoire de l'art à son coup de cœur pour l'ESMA, elle a tracé son chemin avec audace et créativité. Dans cet article, elle partage son voyage inspirant, depuis l'aspiration à être architecte jusqu'à sa transformation en designer graphique pour une célèbre marque de sports de glisse.
Pourquoi avoir choisi l’ESMA ?
J'ai d'abord exploré l'histoire et l'archéologie à l'université, mais j'ai rapidement compris que ce n'était pas ma voie. J'ai persisté une année pour apaiser mes parents, mais la création a toujours été ma passion. Depuis l'enfance, je suis une créatrice dans l'âme, constamment en quête de réaliser quelque chose de mes mains. L'idée d'une carrière artistique me séduisait, même si les doutes et les avertissements sur l'instabilité des métiers de l'art me retenaient.
Lors d'une journée portes ouvertes à l'ESMA, j'ai su que cette école était faite pour moi. C'était comme entrer dans un monde de pure création qui m'était destiné. Après avoir discuté avec les enseignants, j'étais déterminée à convaincre mes parents de me laisser suivre ma passion.
Je me suis inscrite en MANAA à l'ESMA l'année suivante, et ce fut une révélation. Pour la première fois, je me sentais totalement à ma place dans mes études. La MANAA demandait beaucoup d'effort et touchait à tout, comme l’architecture, le design graphique, le dessin. C’était des domaines nouveaux pour moi, mais cette diversité était précisément ce qui m'excitait.
Qu’est ce que vous vouliez faire comme métier au départ ?
Initialement, je me voyais architecte, attirée par la beauté et la complexité de ce domaine. Lors d'un projet où il fallait concevoir un produit, j'ai pu combiner ma passion pour le sport de glisse et mes études en proposant la création d'un skate à partir de palettes recyclées. Ce projet a été un déclic pour moi, une confirmation que je désirais faire une carrière artistique.
Le design, avec ses multiples formes d'expression, me passionnait. J'ai donc choisi de m'orienter vers un Bachelor en design graphique, qui s'achevait en deux ans mais offrait une qualification de niveau bac+3.
Par la suite, mon école a lancé un Master en design et stratégie digitale, incluant un stage de six mois. Bien que la situation financière fût serrée, mes parents m'ont soutenue, me permettant de poursuivre et de compléter une année supplémentaire à l'ESMA.
Comment s’est passé votre entretien pour votre stage ?
Mon objectif absolu était de travailler pour une marque liée aux sports de glisse. À chaque fois que l'opportunité de réaliser un projet libre se présentait, je le centrais autour du skate ou du surf, des passions qui me tiennent à cœur. Cela me permettait aussi d'enrichir mon portfolio avec des projets personnels significatifs. Je surveillais constamment les offres de grandes marques comme Boardriders ou des marques de skate françaises, toujours à l'affût d'une opportunité.
C’est une amie de classe qui m’a appris que Manera, une entreprise spécialisée dans le design d'accessoires et d'équipements de surf et de kitesurf, cherchait un stagiaire, je n'ai pas hésité. J'ai postulé, passé l'entretien avec une détermination sans faille et j'ai été acceptée. J'étais tellement épanoui dans cet univers que j'espérais qu'ils me proposeraient
un poste après les 6 mois de stage. Pour cela, je me suis investie sans compter, travaillant même le soir pour peaufiner mes projets. J'ai mis toute mon énergie pour réussir.
Une anecdote ?
Il m'arrive de repenser avec humour à mon entretien en visio pour mon stage. J'étais si enthousiaste que j'ai monopolisé la conversation, et ma motivation était tellement palpable que... j'ai complètement oublié de présenter mon book. Pourtant, tout était prêt : mes slides, mes travaux, mais dans l'élan de l'échange, cela m'est complètement sorti de l'esprit. Et c'est seulement après avoir raccroché que j'ai réalisé mon oubli. Sur le moment, je me suis dit que j'avais tout gâché. Mais finalement, ma passion a parlé d'elle-même et ils m'ont acceptée, même sans avoir vu mon portfolio. Le courant passait si bien qu'ils m'ont même proposé de rejoindre l'équipe après le stage.
Quel est votre poste aujourd’hui ?
Depuis maintenant deux ans, je suis employée dans l'entreprise où j'ai effectué mon stage de six mois. Mon rôle a évolué au fil du temps. Aujourd'hui, je travaille pour la maison mère de Manera, l'entreprise F-ONE, qui se consacre à la création d'équipements de sports de glisse comme les planches et ailes de kite surf et de foil.
J'ai passé une année à jongler entre Manera et F-ONE, ce qui ne me satisfaisait pas pleinement car je ne pouvais pas m'investir à fond ni dans l'une ni dans l'autre marque. Cela me frustrait de ne pas voir un projet jusqu'à son aboutissement complet. J'ai donc quitté Manera pour me dédier exclusivement à F-ONE.
En tant que designer graphique, je touche à toute la communication de la marque, de la gestion du site web à la création de campagnes. Nous travaillons par collections, avec deux sorties annuelles. Ce qui me passionne à présent, c'est de voir le cycle complet d'un produit : de la conception jusqu'à la promotion, en passant par les shootings et la mise en page des produits pour le site web.
Quelle est ta plus grande difficulté dans ton métier ?
La plus grande difficulté que je rencontre dans mon métier, c'est la contrainte du temps. Il y a toujours cette envie de peaufiner, de pousser chaque projet vers l'excellence, mais le temps est un luxe qu'on n'a pas toujours. C'est pourquoi je recommande vraiment de profiter pleinement de la période scolaire pour expérimenter et s'autoriser toutes les explorations créatives, car une fois dans la vie active, les échéances dominent et il faut livrer sans délai supplémentaire.
Qu'est-ce que tu préfères aujourd'hui en tant que designer graphique ?
Ce que je préfère par-dessus tout dans mon travail, c'est la partie création pure, surtout quand il s'agit de planifier et concevoir une campagne de lancement d’un nouveau produit. La satisfaction de voir la vidéo finale est immense ; elle rend le projet réel et je ressens une vraie fierté d'y avoir contribué. Récemment, j'ai eu l'occasion de designer la prochaine collection de vêtements de la marque, ce qui m'a permis de renouer avec l'illustration, ma première passion. J'attends avec impatience le lancement de cette collection, excitée à l'idée de voir mes créations prendre vie.
Un conseil pour créer son book ?
Lorsqu'on crée son book, il est essentiel qu'il reflète qui nous sommes. L'avantage de l'enseignement à l'ESMA, c'est qu'il permet de présenter une palette étendue de techniques mises en œuvre sur différents projets. L'objectif est de démontrer que l'on dispose d'une boîte à outils complète, riche en ressources. Il ne faut pas hésiter à inclure un projet qui, même s'il n'est pas le plus réussi, révèle l'usage d'un nouveau médium. Dans mon portfolio, on retrouve du print, de l'animation, des créations web, des croquis… L'idée est de mettre en avant notre capacité à être pluridisciplinaire.
Il est aussi judicieux d'ajouter des projets personnels réalisés en dehors du cadre scolaire. Cela témoigne d'une réelle motivation, d'un engagement dans ce que l'on fait et d'un amour pour notre discipline. C'est ainsi que le recruteur parvient à cerner notre profil et notre personnalité.
Un mot de la fin ?
Je voudrais dire à tous les étudiants de l'ESMA de profiter pleinement de leur période d'études. C'est vraiment le moment idéal pour se lancer à fond, pour profiter de chaque opportunité d'explorer et d'expérimenter tous les modes d'expression disponibles. C'est l'occasion rêvée de s'aventurer dans toutes les directions et de découvrir le plus de techniques de communication possibles. Et surtout, mettez toute votre énergie pour obtenir le stage de vos rêves, celui qui résonne avec vos passions. Trouvez un stage qui vous enthousiasme vraiment, car si vous avez la chance d'être retenu après, c'est la meilleure transition vers la vie professionnelle que vous pourriez souhaiter.
Merci Audrey.